Edouard de Galles - A man of pleasure is a man of pains.

« TA CONTRE-MORALE.  »
« Il n'aimait pas ma chemise. Oh, évidemment n'a-t-il pas osé me l'avouer, mais j'ai compris, à son regard méprisant d'artiste complexé, qu'il n'éprouvait pour la chemise pas plus de sympathie que pour l'homme qu'elle habillait. » La jeune femme le regardait parler en battant amoureusement de ses longs cils, ses lèvres rouges s'entrouvrant pour échapper quelque gloussement, quelque soupir. Et lui s'écoutait parler en observant d'un oeil désintéressé la main s'affairer dans son pantalon. Ses doigts glissèrent dans ses courtes mèches châtaines, puis il s'affala de tout son long sur les coussins qui tapissaient le sol de la pièce. L'une des demoiselles se chargea alors de le soulager de la dite-chemise à l'étoffe qu'elle jugea, se faisant, des plus soyeuses que jamais il ne lui avait été donné de toucher. « Aussi me suggéra-t-il, fort naïvement d'ailleurs, le port du smoking. Que je refusai sans hésiter, de toute évidence, au grand dam de ma mère. Quel intérêt y a-t-il à porter un uniforme ridicule, quand l'on peut en créer un à son image? Nul. Ainsi m'entêtai-je : chemise tombant lâchement sous ma vareuse écarlate, guêtres sur brodequins... Cependant, je consentis, par un soudain élan de pitié, je suppose, à resserrer, certes modestement, le ruban qui m'enserrait le col. À bien y penser, peut-être aurais-je dû serrer plus fort. Beaucoup, beaucoup plus fort... » Répondant à cet appel sous-entendu, elles s'empressèrent de consoler le pauvre garçon, dénouant corsets, soulevant jupons, caressant, chevauchant, se contentant d'offrir à profusion, sans recevoir, sinon fort peu. David, ainsi rebaptisé dans le cadre de ses sorties tardives, se laissa bientôt, à nouveau, aller aux charmes de l'opium, embrassant l'extrémité du délicat objet qui lui fut présenté, et aspirant, avide, jusqu'à ce que l'une des belles se résolve à repousser, doucement, le jeune homme sur son lit de carreaux multicolores. Mais il s'en était allé, déjà. Elle tapota la joue, une autre tâta le pouls. De concert elles se levèrent, laissèrent à lui-même le corps nu, abandonné, froid, exceptée l'une d'elle, qui préféra veiller et attendre le retour du rêveur aux yeux ouverts, traçant des fleurs et des arabesques invisibles sur la toile vierge de sa peau.

Il atterrit dans un salon richement ornementé, tout à fait moderne et à la décoration composée en formes coulantes, complexes, originales, colorées. Des formes rappelant celles de la nature, mais stylisées par une main d'artiste. Les lampes, les vases, l'ameublement, même les fenêtres, avaient ces courbes, ces lignes irrégulières et pourtant harmonieuses, ces couleurs tantôt vives, tantôt évoquant celles de la terre. Toute l'architecture de l'endroit semblait avoir été conçue dans cet esprit qui cassait joliment avec le classicisme. Et le voyageur, le prince au sommeil halluciné, se retrouva au beau milieu de la pièce, encerclé par maintes dames qui toutes sur lui avaient leurs yeux rivés. Que puis-je faire pour vous, mesdames? Offrit-il plus timidement qu'il en avait l'habitude, parvenant toutefois à soutenir leurs regards indiscrets, voire grossiers. Lui qui se trouvait nu parmi ces dames ensevelies sous de lourdes robes.
Dansez, intimèrent-elles d'une même voix avant que cette voix n'éclatent en dizaines de rires. Et Edouard dansa, avec toute la grâce que le ridicule de la situation lui autorisait. Il répéta une routine de ballet apprise jadis, enchaînant chassés, arabesques, tours et conclut par un grand jeté. Les rires, alors, fusèrent de toutes parts et avec une force qui fit craquer les murs. Sous les pieds du danseur, le plancher s'écroula, et Edouard alors tomba, dans le noir et le silence.
Un sol jonché de coussins le cueillit. Un parfum capiteux, épicé, le tira hors de ce portrait de rêve, et le goulot d'une bouteille trouva ses lèvres. Il but, mais on lui retira un instant la boisson pour lui en verser sur le torse, et comme il retrouvait la chaleur de l'alcool sur sa langue, l'on but à même sa peau, léchant, aspirant le liquide ambré. À la première bouche se joignirent d'autres, et Edouard redevenu David, sur le seuil de l'enivrement, leva les yeux vers le plafond, et y rencontra, une fois de plus, son ombre. Le prince se noyait sous les corps, étouffait sous les corps. Il l'y ferait disparaître, songea David, haineux, attrapant la nuque d'une des jeunes femmes et mêlant sa salive à la sienne.

Edouard rentra à la levée du jour, traînant ses pieds sales sur la moquette rouge. Le prince, son titre pesant à sa cheville comme le boulet d'un prisonnier, trouva sa chambre et des domestiques l'y rejoignirent, sous les ordres de l'un, de l'une ou de l'autre. Perclus dans la langueur, il se laissa déshabiller, laver, rhabiller, ses yeux accrochés à sa volière où voletait une vingtaine de couleurs sifflotantes. Guidé par l'habitude, il se retrouva en quelques temps devant la porte qui s'ouvrirait sur cette salle dans laquelle il partagerait son petit déjeuner en compagnie de sa soeur. Ce qu'il ferait sous son regard inquisiteur et ses questions auxquelles il répondrait de manière imprécise, jusqu'à s'en irriter et couper court au repas. « Naïve. Ce ne sont là que rumeurs, et toi, petite princesse, du haut de ta tour sertie de pierres précieuses, des entrailles bouffantes de tes robes de soie, tu prétends savoir ce qui se joue de l'autre côté. Tu vis sur la scène et n'en verra jamais les coulisses. » Ensuite, il trouverait son frère, croiserait le fer avec lui jusqu'à ce que le précepteur ne surgisse. Le prince se ferait alors coléreux et jetterait l'arme à ses pieds. Son masque se heurterait violemment au mur et Edouard quitterait, talonné par le vieux maître. Ils étudieraient aux jardins, près d'un étang d'où quelques colverts ne les gratifieraient pas même d'une oeillade. « Sages bêtes. Voilà de bien infidèles sujets. Honnêtes et désintéressés comme l'on n'oserait en rêver. » N'en abattrait-il pas un, le lendemain, perché sur son pur-sang, la crosse de son Winchester contre l'épaule? Et n'en abattrait-il pas un autre, et un autre, qu'il enverrait quérir par ses chiens? Il s'efforcerait de s'en montrer fort content, bien que le soir venu, le dîner passé et ses appartements retrouvés, il ferait ajouter à sa collection trois pinsons.

« Comme un prince se doit d'être prince
Une proie la victime
La parole entendue
Moi je suis le chasseur
Et le colvert,
Toi le projectile.

Je les voudrais dans une cage
Gardiennes de mes caprices
Et trouver parmi elles
Confidente à ma couronne.
Leurs bras berceaux
Pour trône
Leurs jambes ouvertes
Pour empire
Et leur sein charogne
Pour patrie.

De mon cadre d'or
M'extraire comme un portrait
En quête de visage.
Te demander asile,
Prince du miroir,
Te supplier suicide
Et te donner mon nom
Comme clé de mon royaume. »

- Edouard de Galles, le même.

« BAS LES MASQUES.  »
Je ne marche pas sur les lignes du trottoir et compte systématiquement le nombre de touches sur les télécommandes de télévision et de lecteurs vidéo/dvd (je n'ai jamais encore eu l'occasion de mettre la main sur un blu-ray). Aussi, j'éprouve de la sympathie pour les goélands solitaires. Et pour Merle. On pourrait m'appeler comme ça, d'ailleurs. Comme un genre d'hommage. *-*

Bienvenue !

(La tête de pervers est en option.)

Ça c'est du rapide!
En tous cas... Merci! Et je tâcherai de prendre bien soin du morveux.
(ah non mais c'est chouette, les têtes de pervers xD)

Edit : AUX GENS D'EN BAS! Merci. Et "Beau Monstre", ce doit être le plus affreusement charmant compliment que l'on me fit à ce jour. Félicitations.

Bienvenue à toi !

Bienvenue, beau monstre ! ♥
(j'ai le droit de le dire, hein ?)